« Nos besoins en infrastructures dépassent les 200 milliards de dollars »

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« Nos besoins en infrastructures dépassent les 200 milliards de dollars »

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Dang Huy Dong est le vice-ministre vietnamien de la Planification et des Investissements a accepté d’expliquer à quelques journalistes européens, parmi lesquels Les Echos, sa stratégie de développement du Vietnam. Elle repose sur des investissements massifs dans les infrastructures avec l’aide d’investissements étrangers.

Quelles sont vos priorités en matière d’investissements ?

Nous avons besoin de montants importants et d’investisseurs étrangers qui nous aident à développer nos infrastructures. Ils peuvent bénéficier d’une fiscalité très attractive et se concentrer sur des secteurs à forte expansion. Ainsi, dans 5 ans, nous aurons un réseau d’autoroutes qui couvrira l’ensemble du pays et nous connectera à la Chine. Le nord Vietnam, c’est 43 % de la population totale. A Hanoi, nous avons besoin de moderniser les transports en commun dont certains datent des Français ! Nous avons besoin de la même façon d’un nouvel aéroport. Ce projet, d’un milliard de dollars, est en cours de construction. En tout, nos besoins en infrastructures s’établissent entre 200 et 250 milliards de dollars. Le gouvernement peut financer 50 milliards mais notre politique est d’attirer les investisseurs privés plutôt que de faire de la dette. Il est assez facile ici de développer un réseau de transport. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une région en pleine expansion qui, en plus, est congestionnée. Quiconque investit dans les infrastructures est assuré de gagner de l'argent. Tous les schémas sont envisageables, y compris de rendre certains tronçons d’autoroutes payants. Le Partenariat Public Privé (PPP) est un schéma que nous considérons sérieusement. L’Etat participerait à hauteur de 30 % de l’investissement. Nous sommes ouverts à toutes les propositions des investisseurs. Quel que soit le pays d’origine, nous recherchons l’offre la meilleure. Le critère, c’est la saine concurrence, pas la nationalité. Attention aux offres trop alléchantes qui sont a priori intéressantes mais qui s’avèrent sur le long terme extrêmement coûteuses. Les industries comme les textiles ou la chaussure ont besoin d’avoir accès à une logistique la moins chère possible. Mais nous cherchons à attirer des investissements à plus forte valeur ajoutée. Là aussi nous encourageons les investisseurs étrangers à venir ici. L’Europe peut regarder l’industrie automobile. il y a 90 millions de personnes, des autoroutes en construction, il y a donc un créneau pour l’automobile. C’est pareil pour l’électronique, les produits pharmaceutiques.

Pensez vous qu’une conclusion rapide de l’accord de libre échange avec l’Union européenne soit possible ?

Le plus tôt sera le mieux pour les deux parties. Pour ma part, je suis favorable à une augmentation des échanges commerciaux entre le Vietnam et l’Union européenne. Sur le fond, nous avons besoin de diversifier nos marchés. S’agissant des seuls produits électroniques grand public, nous exportons chaque mois dans le monde entier pour 1,5 milliard de dollars, un montant qui va atteindre 2 milliards avant la fin de l’année. D'une manière générale,nous ne pouvons pas dépendre d’un seul fournisseur ni d’un seul marché. Si quelque chose devait se passer, ce serait catastrophique.

Où en êtes vous aujourd’hui de la relation avec la Chine ?

Nous avons décidé de réfléchir calmement. Il faut vivre harmonieusement et ne pas sacrifier les fondamentaux. Il faut se regarder dans les yeux, voir ce qui est bon pour l’un et pour l’autre. Nous essayons de séparer les récents incidents de l’image plus globale qu’est la relation bilatérale. Les chiffres de douanes montrent que les évènements du printemps n’ont pas eu d’impact sur les relations commerciales. Nous sommes ouverts à l’amitié et aux efforts qui profitent à chacun.

Les investissements étrangers ne vont plus systématiquement se loger en Chine. Partagez vous ce constat ?

C’est une tendance que nous observons depuis quatre ou cinq ans. Les multinationales considèrent le Vietnam comme une alternative à la Chine. General Electric a installé son usine monde pour les éoliennes. Beaucoup, en venant ici, anticipent l’accord de libre échange intra-ASEAN.En fait, les entreprises présentes en Chine ne déménagent pas pour venir s’implanter au Vietnam. L’arbitrage se fait avec les nouveaux investissements qui, eux, viennent se localiser au Vietnam.

La Banque Mondiale estime que la croissance potentielle du pays est plus près de 10 % que de son niveau actuel. Quelle réforme vous paraît indispensable pour booster le PIB ?

Il faut améliorer l’environnement des affaires, l’administration et les services publics. On peut alors faire passer facilement le PIB de +5,6 % comme actuellement à 10 % ou plus. On a inspecté ces derniers mois tous les services administratifs afin de gagner en efficacité. On obtient des résultats. Le temps passé à la collecte des taxes n’est plus qu’un tiers de ce qu’il était. Les formalités d’enregistrement des entreprises ont été ramenées à 5 jours au lieu de 45 il y a dix ans. En fait, la réalité est même de 3,5 jours. Beaucoup de démarches peuvent être désormais effectuées en ligne.

Michel De Grandi (à Hanoï)

(Source info: www.lesechos.fr)

 

 

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